Les Trois Mousquetaires

Ecrit par ZyranodeBergerac et mis en page par Moïra

En ces temps de cartes et de championnats, où les destins se jouaient à la pointe d’un deck affûté comme une épée, il advint que je, ZyranodeBergerac, fus assailli d’un doute terrible : le World Champion Qualifier BGA approchait à grands pas, et je ne savais quel deck, quelle arme, quel fer tirer du fourreau pour combattre.

Je mandai donc mon ami Dandy, fin stratège et gentleman à l’élégance naturelle.

— Dandy, m’écriai-je, dis-moi par ma moustache et par Saint-Kaibara, quel deck jouerai-je pour éclipser mes rivaux ?

Saint Kaibara dominant les cieux

Mais Dandy, quoique savant, demeura pensif. — Qui engager à tes côtés ? J’ai songé à Arjun… mais non, mille fois non !

Alors, pris d’une inspiration hasardeuse, je lançai : — Et si nous appelions Atsadi ?

À ces mots, Dandy se redressa, les yeux brillants. — Atsadi ! Parbleu, j’y avais songé ! Mais sais-tu ce qui m’effraie ? Ses alliés bureaucrates, toujours à remplir des formulaires en triple exemplaire, et surtout son général, ce Sigismar, flanqué de ses recrues disciplinées. Toutefois, la résolution l’emporta, et Dandy, d’un ton qui ne souffrait point de réplique, dicta la liste sacrée :

l’Affamé (The Hunger), l’étoile dans les yeux de nos mousquetaires

— Du Ramp ! Des laits ! Du The Hunger ! Et pour la botte secrète… le Kaibara !

À ces mots, mes yeux se levèrent au ciel, où je crus voir danser des étoiles filantes rien que pour moi.

Mais Dandy, homme de cœur, savait qu’il ne pouvait rien entreprendre sans son compagnon fidèle : JoliRougeGorge, ce petit oiseau à l’esprit aussi vif que ses ailes. On entra donc en longue querelle autour du bloc de rare. JoliRougeGorge, opiniâtre, s’opposait à Snowman. Les débats furent vifs, les mots acérés, mais après quelques tests, notre rouge-gorge consentit à plier ses ailes.

Et voilà que l’Homme Kapuchon, être étrange, mi-feu, mi-démon, mi-figue, mi-mie — et, je le soupçonne, mi-écureuil — nous apporta son aide. Grâce à lui, nous découvrîmes ces fameux doubles Ramp, trésors stratégiques cachés dans les recoins du hasard.

Étrange personnage que ce Kapuchon…

Ainsi réunis, nous pénétrâmes dans la salle de l’Esprit et du Temps, antre des entraînements légendaires. Là, où une heure vaut un jour, et un jour une éternité, nous forgeâmes nos armes.

Or, pour éprouver notre courage, JoliRougeGorge saisit la liste de Sigismar. Et le verdict tomba : nos armes, celles de notre compagnon Atsadi, n’étaient pas adaptées.

Cette révélation troubla notre rouge-gorge. Ses plumes frémissaient d’inquiétude. — Atsadi est peut-être vaillant, dit-il, mais les cartes adverses me donnent le vertige. Et ces Sleep… par les dieux, ces Sleep ! Je crains de m’endormir en plein combat et de tomber sous le fer de l’adversaire. Peut-être vaudrait-il mieux que je retrouve Kojo, mon ancien allié…

Il fallait de la consistance ! Des « après-vous » ! Et, surtout, exactement 3 Sakarabru — pas un de moins.

Alors, d’un geste tranchant comme une estocade, JoliRougeGorge trancha : — Tomoe, dehors ! Guerrière du Havre, entre en scène !

Et ce fut un va-et-vient de communes, un ballet de cartes virevoltant sous nos yeux ébahis. Dandy et moi regardions JoliRougeGorge s’entraîner avec Atsadi, et ma foi, c’était vraiment héroïque… quoique Dandy eût préféré un peu plus de lait d’Arcolano pour arrondir la sauce.

Sakarabru, modèle de méditation pour tout mousquetaire

Ainsi naquit le groupe des Trois Mousquetaires :

  • Dandy, maître des laits et des ramps ;
  • JoliRougeGorge, dompteur des communes et des songes ;
  • ZyranodeBergerac, votre humble serviteur, narrateur de ces chroniques.

Sans oublier notre compagnon de l’ombre : Kapuchon, mi-moine, mi-homme, mi-écureuil… et parfois mi-sphinx, tant ses énigmes étaient mystérieuses.

Fait d’armes au tournoi

C’était un matin de brume et de ronces. La clairière s’éveillait lentement, encore engourdie par la fraîche rosée, et l’on n’entendait, entre les arbres figés comme des statues de bois, que le frémissement d’une aile solitaire.

Joli Rouge-Gorge descendit du ciel comme une promesse. Petit, certes, mais fier, le plumage écarlate bombé comme le poitrail d’un mousquetaire, les yeux pétillants d’un feu contenu, il s’avança, seul, vers le centre de la clairière.

Face à lui, déjà campé dans l’attente, Vicman. Grand, droit comme une épée plantée dans la terre, les épaules larges, le regard d’un gris d’orage, et la main toujours posée sur le pommeau de sa lame.

Sa silhouette évoquait la discipline des soldats aguerris, et son silence, celui des hommes qui savent qu’ils n’ont pas besoin de parler pour inspirer la crainte. Vicman n’était pas un novice : il avait vu tomber plus d’un adversaire — et rarement par accident. Entre les deux, l’air vibrait d’une tension sacrée, celle qui précède les grands duels, les rencontres de légende, les récits futurs contés à voix basse, le soir, devant les feux de camp.

Mais… dans l’ombre, sous le manteau d’un vieux chêne tordu par le temps, une silhouette : Kapuchon. Ah ! Kapuchon ! Nul ne savait vraiment s’il riait, priait, ou préparait un mauvais tour. Mi-fourbe, mi-moine, mi-écureuil — ce qui, mathématiquement, n’a aucun sens mais faisait de lui un être aux multiples visages — il appartenait à la même faction que les deux duellistes.

Son manteau brun, sa capuche rabattue, ses pattes agiles et ses dents qui brillaient dans l’ombre d’un sourire presque saint, presque sadique, guettaient l’issue. Il ne parlerait pas, pas encore. Il choisirait. Il observerait. Et rejoindrait le vainqueur. Surtout si le vainqueur ignorait qu’on peut être poignardé par une noisette bien lancée.

— Vicman, dit Joli Rouge-Gorge, d’une voix claire, presque musicale, il est temps.

— Tu es brave, Rouge-Gorge, répondit Vicman, en dégainant lentement son fleuret d’argent. Mais la bravoure ne suffit pas. Il faut aussi savoir où frapper. Et le duel commença.

Le duel légendaire entre Joli Rouge-Gorge et Vicman !

Deux passes d’armes, deux duels de légende : ainsi Joli Rouge-Gorge fit plier Vicman. Mais à chaque victoire naît une ombre plus haute.

Et cette ombre avait nom Basira. Elle s’avança comme une sentence, suivie de son complice Giacomozu, et l’air même parut hésiter entre se figer ou fuir.

Le choc fut terrible. Les coups s’enchaînèrent, comme un tonnerre battant contre un tonnerre. Joli Rouge-Gorge et Atsadi, ensemble, tinrent tête au déluge — mais nul ne peut éternellement défier la tempête.

Quand le silence retomba, c’était Basira et Giacomozu qui demeuraient debout.

Dans l’ombre du combat, Kapuchon pleurait… mais ses larmes n’étaient pas toutes de chagrin. Car Basira, derrière la guerrière, était sa bien-aimée.

Et ensemble, ils avaient une alliée redoutable : l’espionne. Ah, cette espionne ! Une véritable connasse…

Ainsi s’acheva la chevauchée héroïque de Joli Rouge-Gorge. Tombé, mais non brisé. Vaincu, mais jamais vain.

Il gagna le droit au repos, et rejoignit ses frères d’armes — Dandy, ZyranodeBergerac et l’insaisissable Kapuchon — dans la chaleur d’une taverne où la bière mousseuse et le lait d’Arcolano coulaient à flots.

Là, à la lueur vacillante des chandelles, il conta ses exploits, les passes glorieuses, les chutes, les étincelles.

Et Dandy, déjà, griffonnait sur un parchemin des plans de voyage : Milan l’attendait, avec ses duels et ses promesses.

Mais avant la route, avant l’Europe et ses lendemains, une dernière tâche demeurait : révéler au monde les rouages secrets d’un grand ami, le mystérieux et redoutable Atsadi.

Repos du Guerrier aux ailes Rouges

Quand il quitta la taverne du Kadigir, encore ivre de récits et de rires, Joli Rouge-Gorge leva sa coupe une dernière fois.

— Mes amis, dit-il, merci pour ce week-end !

Il salua Seb et Bryan, ces hôtes généreux dont l’accueil avait été tel un havre entre deux batailles.

Et de vous voir à la sortie de chaque joute… ah ! ces images resteront gravées comme un blason sur mon cœur.

Il referma son manteau, resserra sa ceinture, et le rouge de son plumage se confondit un instant avec l’ombre des braises. Puis, d’un sourire fatigué mais flamboyant, il ajouta :

— Vous avez fait de ce duel une aventure… et de moi, un frère comblé.

Et dans un dernier éclat de voix, il lança :

— Messires, une chronique viendra bientôt sur YouTube, pour dévoiler à tous les secrets de cette liste héroïque. Qu’on s’y abonne ou qu’on en crève !

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